Il n'y a pas eu d'assises criminelles avec assistance de jury à Port-au-Prince depuis quatre ans, révèle l'OPC

La réalité des détenus haïtiens, documentée depuis un an par le BINUH est aujourd'hui au cœur de l'actualité. Le passage de vie à trépas de personnes écrouées dans nos centres de détention y est pour beaucoup. L'Office de protection du citoyen et de la citoyenne est revenu sur le fort taux de détenus en détention préventive prolongée et ses déterminants.

Crédit Photo: radiotelevision2000.com
Il n'y a pas eu d'assises criminelles avec assistance de jury à Port-au-Prince depuis quatre ans, révèle l'OPC

Le Commissaire du gouvernement près le Tribunal de première instance des Cayes et le BINUH ont alerté l'opinion publique sur l’état des personnes en situation de privation de liberté dans le grand Sud de la République. Des détenus meurent en prison, la faute en majeure partie aux conditions de détention. Outre des problèmes d'hygiène, de non-accès à l'eau potable, au soleil ou à l'air frais, les détenus sont dans l'insécurité alimentaire.

À cause de la surpopulation carcérale, la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) est obligée de fournir des plats chauds à un nombre de détenus de loin supérieur à la quantité maximale prévue et calculée en fonction de la capacité d'accueil des centres de détention. Les familles n'arrivant pas à apporter régulièrement de la nourriture aux détenus à cause de la hausse du coût de la vie, les détenus déjà confrontés à des conditions dégradantes pour la personne humaine se sont retrouvés en insécurité alimentaire. La faute au système judiciaire haïtien.

Les grèves à répétition et les autres obstacles au respect de la procédure pénale concourent à l'état actuel des choses : 85 % de la population carcérale est en détention préventive prolongée a révélé l'OPC. Seulement quelques uns des 11 500 détenus composant la population carcérale ont été condamnés. Les autres détenus sont dans l'attente de l'expectative d'un juge. En ce qui concerne le Pénitencier national, plus de 90% des détenus sont en détention préventive prolongée a indiqué l'OPC. Rien d'étonnant vu le fonctionnement de la justice dans la juridiction de Port-au-Prince.

Comme exemple, les dernières assises criminelles avec assistance de jury réalisées dans cette juridiction remontent à juillet 2018. Des personnes incarcérées pour meurtre, association de malfaiteurs, vol avec effraction, viol, assassinat, enlèvement et séquestration contre rançon etc. attendent donc depuis quatre ans pour jouir de leur droit à un procès équitable. Or, les assises devraient se tenir au moins tous les 6 mois conformément aux lois.

La situation n'est pas différente dans les autres juridictions judiciaires. Les détenus croupissent et meurent en prison. Certains passent plus de temps en prison que la durée maximale de la peine prévue pour l'infraction qu'ils ont commis. Jusqu'à date rien n'a été fait pour renverser la vapeur.

Abigaëlle PIERRE 


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