Assassinat de Jovenel Moïse : la thèse du coup d’état est la plus crédible, pour le moment

Les autorités policières ont annoncé avoir procédé à l’arrestation de plus d’une vingtaine de personnes impliquées, à différents niveaux, dans l’attaque meurtrière contre Jovenel Moïse. Un des présumés commanditaires de cette tentative de coup d’état est sous les verrous et au moins deux autres sont recherchés, avait indiqué le DG a.i de la PNH. Toutefois, aussi crédible que soit la thèse du coup d’état, le doute plane sur l’identité des vrais auteurs.

Crédit Photo : Outre-mer la 1ère
Assassinat de Jovenel Moïse : la thèse du coup d’état est la plus crédible, pour le moment

Le weekend écoulé Christian Emmanuel Sanon a trouvé son arrestation. Selon les révélations du DG a.i de l’institution, Léon Charles, l’homme âgé de 63 ans était rentré dans le pays début juin à bord d’un avion privé. Il était accompagné de personnel de sécurité et visait à accéder à la présidence. Les autorités reprochent au natif de Marigot d’avoir recruté les mercenaires dans le but de chasser le président et prendre sa place. En conférence de presse, le chef de la PNH a signalé qu’il avait des motivations politiques et était en contact avec deux autres « cerveaux » de l’assassinat. Pour l’instant il faut prendre ces informations avec pincettes.

Aux premières lueurs de la journée du 7 juillet 2021, un communiqué de la Primature est venu confirmer les rumeurs.  « Vers une heure du matin, dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 juillet 2021, un groupe d’individus non identifiés, dont certains parlaient en  espagnol, ont attaqué la résidence privée du Président de la République et ainsi blessé mortellement le Chef de l’Etat »  avait révélé le Premier Ministre a.i, Claude Joseph.

Après avoir réalisé son constat légal, le juge de paix Carl-Henry Destin a ordonné la levée du corps de Monsieur Moïse. Blessée par balles lors de l’attaque, son épouse, quant à elle, a été transportée dans un hôpital de la région métropolitaine puis aux Etats-Unis pour recevoir les soins que requerrait son cas.

Entre-temps, le Premier Ministre a.i a présidé un conseil du gouvernement qui a décidé de déclarer  » l’état de siège »  pour 15 jours,  deuil national pour la même durée.  Les autorités policières, non plus, n’avaient pas chômé. Les informations recueillies les ont mis sur la piste de sud-américains. En fin de journée, ils ont procédé à l’arrestation de plusieurs suspects dont deux citoyens d’origine haïtienne. Trois individus, présentés à ce moment comme des colombiens étaient stoppés lors d’échanges de tirs avec les forces de l’ordre avaient indiqué les autorités. Le lendemain, la police avait une certitude : les assaillants étaient des mercenaires colombiens. La population, elle aussi s’est invitée dans la chasse des mercenaires et son implication a porté fruit. En fin de journée, sans se soucier de la présomption d’innocence, la PNH a présenté aux médias les individus présentés comme les membres du commando qui avait attaqué la résidence privée du Président et assassiné ce dernier. 17 hommes dont 15 colombiens et 2 citoyens américains ont été présentés et les autorités ont déclaré rechercher 8 autres membres du groupe de combat composé de 28 personnes.

Cinq jours après l’assassinat, les autorités policières ont annoncé avoir arrêté l’un des instigateurs présumés de l’attaque meurtrière contre  le président : Christian Emmanuel Sanon. L’homme de 63 ans qui se présente comme un médecin et un pasteur, vivait dans la Floride. Il est revenu dans le pays début juin et est soupçonné d’avoir commandité l’opération.  Selon les autorités policières, il visait de procéder à l’arrestation du Président Jovenel Moïse et de prendre sa place. Pour atteindre son but, l’homme qui avait déclaré faillite 2013, s’était offert les services de 26 anciens militaires colombiens (3 ont été tués par la police, 18 arrêtés et 5 en cavale) et deux citoyens américains arrêtés (l’un d’eux serait un ancien informateur de la DEA). Une recherche sur les réseaux sociaux, montre que dix ans plus tôt l’homme se projetait comme un futur président d’Haïti, toutefois, il avait cessé d’alimenter les réseaux. Ses problèmes financiers y étant peut-être pour quelque chose.

Les autorités policières ont aussi indiqué qu’en plus de Christian Emmanuel Sanon, au moins deux autres individus seraient les commanditaires de ce que le Premier Ministre a.i a qualifié de « coup d’état » (la faute à un lapsus!). Toutefois, des zones d’ombres et incohérences dans la version officielle poussaient certains à prioriser la thèse d’un coup d’état. Surtout que la reconstitution des faits tarde à se faire.

Rien n’a fuité de l’audition des 21 agents qui étaient de service dans la nuit du 6 au  juillet 2021. Affectés à la sécurité du Président de la République lors de la fatidique nuit de son assassinat, ces policiers de l’Unité de Sécurité Présidentielle (USP), de l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN) et de la CAT-Team  ont été « maitrisés » apparemment sans y opposer la moindre résistance par les « assaillants ». Aucun d’entre eux n’a été blessé ni tué, les « assaillants » ont eu le champ libre et opéré avec une incompréhensible aisance. Parmi les personnes présentes sur les lieux au moment de l’attaque dont deux enfants du couple présidentiel, uniquement la Première Dame et le Président de la République ont été blessés par balle. La Première Dame aurait reçu 3 projectiles et le Président 12.

Dès sa première intervention, le Premier Ministre a.i, pas assez ému pour certains, vu qu’il avait récemment versé des larmes lors d’une conférence, a aiguillé l’opinion publique sur la piste de personnes parlant espagnol et anglais, puis des sud-américains (alors que la République d’Haïti partage l’ile avec sa voisine hispanophone) et pour finir les colombiens. Apparemment ces derniers n’avaient pas de plan pour laisser le pays une fois leur forfait accompli. Ils n’étaient pas non plus entrés en douce dans la République. Tout le groupe s’est même pris en photo. En tout cas, comme le Petit Poucet, la Police Nationale n’a pas eu de grandes difficultés à suivre les indices laissés et arriver quelques heures après l’attaque au QG des « assaillants ».

Pour une fois, la PNH aura été efficace. En quelques heures seulement, la PNH s’est renforcée, elle a pu traquer et mettre hors d’état de nuire  les « assaillants » qui venaient de «maitriser » apparemment  avec les doigts dans le nez,  les agents affectés à la protection du Président. La PNH qui se faisait chasser et accumulait échec après échec à chaque tentative de reprendre le contrôle de territoire  identifiés comme fiefs de gangs armés a pu remporter la manche face à d’anciens soldats colombiens pourtant jouissant d’une bonne réputation de militaires les plus aguerris, après des années de lutte contre des groupes paramilitaires et les narcotrafiquants.

Des partisans du Président Jovenel Moïse et ses opposants se rejoignent ! Ils croient que le chef d’État a été tout simplement livré à ses bourreaux. Certains doutent que ces derniers soient ceux qui ont été arrêtés. Pour eux, ils ne seraient rien de plus que des boucs-émissaires.

Il faudra la reconstitution des faits pour trouver réponse à des questions comme : Comment les « mercenaires colombiens » ont fait pour maitriser les agents affectés à la sécurité du président cette nuit là ? Pourquoi les « assaillants » s’en sont pris uniquement au couple présidentiel ? Si ce sont vraiment eux qui ont mené l’attaque pourquoi selon la fille du couple présidentiel, ils ont emmené la Première Dame à l’hôpital ?  Comment se fait-il qu’ils ont été identifiés et arrêtés et/ou tués aussi facilement ? Les nombreuses plaies visibles sur les photos de la dépouille de l’ancien Président sont dues à quoi ?

Nous pourrions nous poser un tas d’autres questions. Une chose est certaine, la version des autorités ne se tient pas debout ! Elles devront accepter de réaliser une conférence de presse, répondre aux questions des journalistes qui en ont des plus brulantes. Dans cette situation caractérisée par un défaut de certitude, une seule thèse semble tenir la route: celle du coup d’état. Pour avoir une idée de qui l’a fomenté, le feu Président nous aurait certainement répondu s’il le pouvait : Suivez mon regard! Moi je vous demande de répondre à cette question : Qui semble le plus tirer profit du crime?

Stevens JEAN FRANÇOIS


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