Vers la création d’un musée de l’Esclavage à Bois-Caïman : Une initiative du Comité National Route de l'Esclave

Le Comité National Route de l'Esclave (CNRE) a récemment entrepris une série d'activités socioculturelles à Cap-Haïtien, visant à sensibiliser la population locale et les acteurs concernés à la création d'un réseau de musées sur le site historique de Bois-Caïman. Cet endroit incarne un héritage symbolique et historique majeur, agissant comme un pilier dans la mémoire collective de la résistance contre le colonialisme et l'esclavage.

Crédit Photo: Loop
Vers la création d’un musée de l’Esclavage à Bois-Caïman : Une initiative du Comité National Route de l'Esclave

Les festivités ont débuté le 16 août par une conférence-débat animée par l'historien Pierre Buteau, qui a éclairé l'importance du site de Bois-Caïman à travers le thème : « Musée de l'esclave : pourquoi le site de Bois-Caïman ? ». Cet événement, tenu au salon de la mairie du Cap-Haïtien, a attiré un public composé d’intellectuels, d’acteurs culturels et de membres de la société civile. Lors de cette rencontre, le vice-président du CNRE a évoqué le rôle central de Bois-Caïman dans la lutte pour l’émancipation d’Haïti, rappelant la nécessité urgente de protéger et valoriser ce patrimoine historique.

 

Le 17 août, Laënnec Hurbon, président du CNRE et sociologue de renom, a présenté son ouvrage, « L'insurrection des esclaves de Saint-Domingue (22-23 août 1791) », lors d'une séance de vente-signature. En revenant sur ses travaux d'il y a vingt ans, il a souligné la pertinence d'un musée de l’esclavage pour rendre hommage à cet événement emblématique. Le directeur exécutif du CNRE, Dr Neptune Prince, a également présenté les avancées notables du projet, notamment la mise à disposition par l'État haïtien de 18 carreaux de terre pour la construction du futur musée.

 

Cependant, la concrétisation de ce projet ambitieux est confrontée à des défis significatifs. Dr Prince a insisté sur la nécessité de mobiliser des fonds auprès de partenaires internationaux et nationaux pour soutenir cette initiative essentielle. Laënnec Hurbon a rappelé que la révolte des esclaves de Saint-Domingue représente un tournant crucial dans l'histoire des droits humains, inscrit dans le panthéon des révolutions majeures, aux côtés de la Révolution française.

 

Le point culminant de cette semaine d'activités a été le concert organisé le 23 août 2024, coïncidant avec la Journée internationale du souvenir de la traite et de l’esclavage. Ce concert a marqué le lancement officiel du projet de musée, réunissant des talents locaux tels que l'orchestre Ludovic Lamothe, le groupe Ayiti Dans a nou, et l'artiste Erol Josué, mettant en avant la richesse culturelle d’Haïti.

 

En outre, Laënnec Hurbon a rappelé le rôle fondamental qu’Haïti a joué dans le projet « Route de l'esclave », initié par l'UNESCO et officiellement lancé en 1993 à Ouidah, au Bénin. Ce projet a pour objectif de briser le silence entourant la traite négrière et la souffrance engendrée par l'esclavage, tout en promouvant le tourisme culturel et la solidarité internationale.

 

Le projet de musée sur le site historique de Bois-Caïman vise plusieurs objectifs essentiels : valoriser les lieux de mémoire de l’esclavage, créer des emplois pour la population locale et encourager les expressions artistiques à travers diverses disciplines. Une étude de faisabilité commandée à un consultant international a déjà été effectuée et le secrétariat exécutif du CNRE, actif depuis 2014, regroupe plusieurs institutions, y compris le Rectorat de l’Université d’État d’Haïti, la Société haïtienne d’Histoire, les Archives nationales et plusieurs musées.

 

La création d'un musée de l'esclavage à Bois-Caïman représente une opportunité précieuse de rendre hommage à l'histoire d'Haïti et de favoriser une réflexion collective sur les enjeux de mémoire, de résistance et de droits humains. En unissant les efforts des acteurs locaux, les initiatives socioculturelles du CNRE constituent un pas décisif vers la reconnaissance et la préservation d'un héritage souvent oublié.

 

Source : Le Nouvelliste

 

Marckendy DORSAINVIL


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