Qui a assassiné l’ex-président haïtien Jovenel Moïse ? 3. Le cas de la République Etoilée (RE)

Les EUA représentent l’un des pays les plus dangereux de la planète en ce qui concerne la sécurité des Chefs d’Etat. A première vue, cela parait contre-intuitif, mais les faits parlent d’eux-mêmes. Surtout, n’accusez pas l’Afrique si vous pensez le contraire, car celle-ci est un continent qui héberge une cinquantaine de pays différents et non un seul. Si vous voulez comparer des choses comparables, il faut choisir, non le continent, mais un pays quelconque de l’Afrique et le mettre en parallèle avec la République Etoilée (RE) et là, vous serez surpris de constater qu’en matière de sécurité, un modeste motel peut voler la vedette à un hôtel de plusieurs étoiles. Il est alors utile de classer en quatre catégories les Présidents de la RE qui ont été victimes d’assassinat ou de tentatives d’assassinat politique : ceux qui ont succombé illico ou presque (les crimes parfaits), ceux qui sont morts après un délai relativement court (les crimes presque parfaits), ceux qui ont été touchés sans perdre leur vie (les crimes imparfaits) et ceux qui ont été menacés sans être touchés (les crimes avortés). Les tentatives qui avaient été déjouées ou tuées dans l’œuf, si nombreuses soient-elles, ne sont pas considérées dans le présent article. Ce serait le cas, par exemple, pour les Présidents George W. Bush, Barrack Obama et Donald Trump.

Qui a assassiné l’ex-président haïtien Jovenel Moïse ? 3. Le cas de la République Etoilée (RE)

Dans la catégorie des crimes parfaits, il faut compter les Présidents Abraham Lincoln et John Kennedy, assassinés respectivement en 1865 et en 1963. Les Présidents James Garfield mort en 1881 et William Mc Kinley disparu en 1901 tombent dans la catégorie des crimes presque parfaits. Les Présidents Andrew Jackson en 1835 et Ronald Reagan en 1981 ont survécu à leur attentat et se retrouvent dans la catégorie des crimes imparfaits. On rencontre dans la catégorie des crimes avortés le Président Harry Truman victime d’un attentat en 1950, mais qui en est sorti sain et sauf et le Président Gérald Ford qui a échappé à deux tentatives d’assassinat en 1975. Le Président Jovenel Moïse a-t- il essuyé des tentatives d’assassinat avant le 7 juillet 2021 ?

La RE a assassiné, le 15 avril 1865, le Président Abraham Lincoln qui venait d’abolir l’esclavage des Noirs, le 1er janvier 1863. Elle a abattu, le 23 novembre 1963, le Président John Fritzgérald Kennedy (JFK) en qui la politique d’intégration des Noirs avait trouvé un écho favorable. Qui a donc assassiné Lincoln et Kennedy ? L’hypothèse du tireur isolé (malade ou sain d’esprit) est souvent mise en avant pour barrer la route à ceux qui veulent poursuivre les enquêtes quand le dossier est fermé. Les auteurs intellectuels de l’assassinat de JFK ne sont jamais identifiés jusqu’à aujourd’hui, comme l’a démontré Luc Mary, cité dans les précédents articles. Pourtant, la RH a sollicité la RE pour faire le jour sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse, alors qu’elle (la RH) prétend qu’il s’agit d’un crime continental impliquant la Colombie, les EUA et la République Dominicaine (RD).

Aux EUA, les grands assassinats politiques ne concernent pas exclusivement les Chefs d’Etat. En effet, la RE a ôté la vie du Ministre de la Justice, Robert Kennedy, le frère du Président qui soutenait la lutte des Noirs pour les droits civiques. Elle a blessé mortellement le Prix Nobel de la Paix, le Révérend Martin Luther King (MLK), le leader de la lutte pour les droits civiques. Le leader des Black Muslims), Malcom Little dit Malcom X est tombé également sous les balles assassines de meurtriers assoiffés de sang. La plupart des grands assassinats politiques observés dans la RE est reliée, de près ou de loin, à la cohabitation des Blancs et des Noirs dans ce pays où le Ku Klux Khan reste et demeure une société secrète.

Le 1er janvier 1863, le Président américain Abraham Lincoln est entré debout dans la légende, pour avoir signé le décret d’abolition de l’esclavage. Pour les Noirs, Lincoln était le Messie tandis que pour les Blancs du Sud, il représentait le diable. Une femme noire dira : je sais que je suis libre, car j’ai vu notre Père Abraham, et je l’ai touché. Pourtant, Lincoln était contraint de faire le geste historique, car pour gagner la guerre de Sécession (1861 – 1865) qui opposait le Sud esclavagiste et agricole au Nord anti-esclavagiste et industriel, il avait fallu enrôler les esclaves qui fuyaient le Sud pour rejoindre l’armée des Nordistes. Dans cette guerre effroyable qui a fait près d’un million de morts, la sueur et le sang des Noirs ont nourri généreusement le sol américain. John Hope Franklin a noté dans son ouvrage « De l’esclavage à la liberté » a indiqué que le taux de mortalité des Noirs dans cette guerre était de 40 % supérieur à celui des Blancs. Les afro-américains mouraient en premier parce qu’ils étaient en première ligne.

Selon Bacharan et Simonet dans « Les secrets de la Maison Blanche », publié en 2014, en juillet 1863, l’Amérique a enregistré, à Gettysburg, un total de 51 000 morts en trois jours. Il faudra des mois pour enterrer les cadavres, brûler les carcasses des chevaux, réduire l’odeur de sang et de charogne qui prend la ville voisine à la gorge. Or, le projet originel de Lincoln était d’expulser tous les Noirs vers l’Afrique, l’Amérique Centrale et Haïti. Le projet initial n’a pu être exécuter que partiellement et a produit le Libéria et le Panama. Selon Franklin, une somme de 100 000 dollars était offerte aux Noirs libres qui acceptaient d’émigrer vers Haïti ou le Libéria. Dans mon ouvrage sur la réforme agraire en Haïti « Sur la piste de la réforme agraire », j’ai montré que la RH a toujours été une terre d’accueil pour les Noirs américains, que ce soit en 1804, en 1821, en 1824, en 1860, en 1875 ou en 1878. De nos jours, l’émigration se fait dans l’autre sens tandis que la RH est traitée de shit hole par la RE.

Il est intéressant de confronter l’argumentation de Lincoln en faveur de la déportation des Noirs américains à celle du simple afro-américain qui a contribué à la grandeur de l’Amérique. Lincoln disait exactement ceci : Beaucoup de ceux de votre race souffrent grandement de vivre parmi nous, et la nôtre souffre de votre présence. Bref, nous souffrons des deux côtés. Si on le reconnait, c’est une raison de nous séparer. D’après Brink et Harris (La Révolution Noire aux EUA), les gens de couleur estiment, un siècle après, que le séparatisme est une idée idiote, que si on renvoyait tous les groupes ethniques dans leur pays d’origine, cela reviendrait à abandonner les EUA aux Indiens, et que si tous les gens repartaient de là où ils viennent, il ne resterait plus personne en Amérique. De toute évidence, la thèse de Lincoln ne tient pas debout. Moins de deux siècles après l’abolition de l’esclavage, la RE a dû souhaiter la bienvenue au Premier Président Noir des EUA, Hussein Barack Obama. Il n’a pas été assassiné. Vive l’Amérique !

Jean André VICTOR, 21 /07 /21


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