Haïti-Administration publique: Quand le besoin oblige les usagers à la résignation

La durée d’attente dans les institutions publiques et privées, provoque le plus souvent la colère des usagers. N’ayant pas d’autre alternative, ils sont obligés d’accepter l’inacceptable pour obtenir le service. Aussi humiliants que soient les conditions. Avec cet état de fait, les usagers ont tendance à cultiver la résignation au lieu de retourner chez eux bredouille.

Crédit Photo : Haïti News 2000
Haïti-Administration publique: Quand le besoin oblige les usagers à la résignation

Les personnes abandonnées à la résignation développent souvent le complexe d’infériorité, qui, avec le temps peut devenir nocif dans l’adoption d’un mode de vie sain. Or, en Haïti, la durée d’attente dans les institutions publiques et privées engendre le complexe d’infériorité par le simple fait de céder son tour contre son gré, à un supposé VIP. La DGI, la DCPJ, les banques pour ne citer que ceux-là, sont des institutions qui peuvent causer beaucoup de frustration aux usagers.

Une personne exposée régulièrement à la résignation peut développer la lassitude jusqu’au dégoût, la personne à tendance à s’isoler socialement et fuir les lieux de convivialité. Les usagers qui fréquentent la DCPJ pour un certificat de bonne vie et mœurs, la DGI ou l’immigration pour un document quelconque et les banques sont quotidiennement en situation de stress.

À la BNC de Cabaret, il a été rapporté à la rédaction de Le Courrier de la Nation que la durée d’attente peut aller jusqu’à 6 heures, en plus de cela, les agents de sécurité décident qui sont les personnes prioritaires et qui d’autres ne le sont pas. La BNC de Cabaret est réputée comme institution étatique qui provoque la colère des usagers, or, les Archelois, les Saint-Marcois et les zones avoisinantes utilisent les services de cette succursale qui ne met à leur service que deux et rarement trois caissiers.

À la DCPJ, le temps mis pour délivrer le certificat de police est de loin plus important que le processus en lui-même. Quoique les agents de police soient bourrés de talent, la méthodologie utilisée lors de la remise du document pause de sérieux problème. Il est impossible de dénombrer la quantité de certificat de police abandonnée ou encore le nombre de fois qu’ils ont dû reprendre le processus. Malgré le calvaire de ces pauvres gens, certaines personnes peuvent se rendre là-bas et l’obtenir en moins de deux heures, le plus souvent sous les yeux de ceux qui sont là depuis 6 heures, assurément pour mieux les humilier.

Dans les instituions comme la DGI, les usagers viennent toujours tôt; malheureusement, les employés ne sont pas toujours là aux heures d’ouverture habituelle. Si par malheur vous arrivez à deux heures PM, vous risqueriez de tomber sur un problème de signal. Allons-nous résoudre ces problèmes du jour au lendemain, ne font-ils pas partis du système que nous voulons combattre ?

L’espérance de vie à la naissance en Haïti en 2018 est de 63, 66 ans, or l’exposition au stress quotidien interagit sur les facteurs de risque des pathologies les plus courantes chez nous, surtout les maladies chroniques. Si rien n’est fait d’ici 10 ans pour combattre la résignation chez les usagers dans nos différentes institutions, nous sommes condamnés à faire face à une population en manque d’estime de soi et qui sera donc incapable d’exiger la jouissance des droits fondamentaux.

Seide Putnam LOUIS-JEAN
putnamlouisjean@gmail.com


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