La zone métropolitaine de Port-au-Prince assiégée par les gangs armés: Le gouvernement de facto d'Ariel Henry reste inactif
Certaines zones du pays sont actuellement sous emprise des gangs armés. Ces derniers paradent allègrement dans plusieurs communes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, prélèvent des taxes et contrôlent une administration parallèle au nez et à la barbe des pouvoirs publics. Ce qui est inadmissible dans un Etat de droit. Du coup, il urge d’engager des actions rapides et audacieuses pour reconquérir ces quartiers afin que l’autorité de l’Etat s’exerce pleinement sur toute l’étendue du territoire.

Le danger de l’inaction et des tergiversations, c’est de voir des populations entières, en désespoir de cause, basculer dans le camp adverse.
Quelle est la superficie du territoire actuellement infesté par les gangs armés ?
Bien malin, qui pourrait y répondre avec exactitude? Chaque jour qui passe, des communes et des localités subissent des incursions des gangs armés pour ne pas dire plus… Certaines populations ont par moment l’amère impression d’être « abandonnées » par l’Etat tant leurs cris d’orfraie semblent ne pas donnés d’écho favorable.
La mort dans l’âme, elles se résolvent alors, soit à collaborer avec les gangs pour une hypothétique paix, soit à fuir leurs quartiers avec tout ce que cela comporte comme risque et inconfort. Si la région métropolitaine de Port-au-Prince reste un sanctuaire pour les gangs évoluant en Haïti, ils n’ont eu de cesse de changer de stratégies en s’adaptant à l’évolution de la situation, et d’y étendre leurs attaques d’Ouest à l' Est en prenant le soin de faire à chaque fois la jonction entre les différentes zones : dans les régions du Nord de Port-au-Prince depuis 2020, et jusqu’à la région du sud depuis 2018.
Mais, depuis le début de l’année 2021, les communes qui concentrent le plus grand nombre d’attaques sont les communes de Croix-des-Bouquets, Tabarre et l'entrée Sud de Port-au-Prince. Leur zone d’action a changé et s’est donc énormément étendue, de façon progressive et méthodique. L’année 2022 semble marquée la phase de consolidation des zones occupées avec une forte pression et un harcèlement régulier et intense sur toute la zone Métropolitaine de Port-au-Prince, et particulièrement celles autour de la Croix-des-Bouquets qui semblent être désormais la cible privilégiée des gangs armés et rivaux.
Aujourd’hui, le pays a franchi le seuil des 40,000 personnes déplacées internes (Martissant, Bel-Air, Croix-des-Bouquets, Torcel, Croix-des- Missions, Bute Boyer, Bas Delmas et Pernier). Le pays commence à concurrencer avec certains pays africains en termes de nombre de PDI. C’est à dire toute l’acuité de la crise à laquelle le pays “ La perle des Antilles ”est confronté. Il faut impérativement agir pour éviter que la situation ne se désagrège davantage.
Quel plan de reconquête des zones assiégées?
Avant toute tentative de reconquête, il faut identifier clairement les groupes de gangs armés qui attaquent et kidnappent les membres de la population civile. Aujourd’hui, on devrait de moins en moins parler d’Hommes armés non identifiés. Les gangs 400 Marozo , le gang Chyen Men , les gangs G9 et le gang de Vitelòm sont les principaux groupes de gangs armés qui sévissent en Haïti. Leur mode opératoire est de plus en plus connu par les Forces de l'ordre.
Depuis 2020 par exemple, le 400 Marozo opère dans le Nord de Port-au-Prince, le long de la route menant à la frontière avec la République Dominicaine, puis dans la route menant jusqu'au morne à Cabrit. Ces attaques, plutôt que d’être motivées par des considérations idéologiques ou politiques, semblent davantage liées à la volonté d'effectuer des kidnappings et de contrôler les routes commerciales. Ces activités représentent une source de revenus potentiellement lucrative.
Les grandes réserves naturelles de cette vaste territoire offrent par ailleurs un refuge aux gangs armés qui ne veulent pas se faire repérer. Les liens avec des gangs armés, coupables de contrebande et de trafic de drogues dans cette zone frontalière, ont consolidé la réputation des gangs. Sur le terrain, certaines gangs armés profitent également de la situation pour semer la psychose au sein des populations et s’emparent de leurs terres et biens. Ces gangs armés prospèrent grâce à la chienlit et tout simplement parce qu’elles disposent d’armes pour terroriser les populations.
L’Etat n’existant plus dans ces zones, ils sont parfois une poignée à dicter leur loi à des populations totalement désemparées. Mais que l’on soit face à des groupes criminels formels ou à des gangs armés, la réponse doit être la même: « nettoyage sans coup férir ». Ce nettoyage suppose un renseignement adéquat et une puissance de feu adaptée. La libération des zones doit être accompagnée de la réinstallation de l’administration.
Les Policiers ne doivent pas simplement se contenter d’opérations d’éclat ou coups de poing. Les zones doivent être sécurisées et stabilisées pour permettre aux populations de revenir s’installer et y reprendre le cours normal de leur vie.
Renseignement et nécessité d’une gouvernance vertueuse
L’aptitude à connaître, comprendre, caractériser et prévoir est centrale pour permettre à Haïti de décider et d’agir de manière autonome et souveraine, y compris dans les actions menées avec des partenaires et alliés. Le renseignement en est l’élément premier et doit être renforcé. L’anticipation à court et moyen terme des risques pesant sur la sécurité nationale justifie que le pays développe des capacités autonomes à la hauteur de ses besoins.
Conserver à Haïti l’indépendance de ses analyses et de ses positions nécessitera un investissement accru dans le renseignement humain, dans la poursuite des grands programmes techniques lui permettant de rester au meilleur niveau en la matière et dans le développement des capacités d’analyse nécessaires pour exploiter le volume considérable et en croissance rapide des données humaines et techniques recueillies. Une fois les zones reconquises et sécurisées, il faudra y implémenter des projets structurants, des programmes de déradicalisation et de réinsertion des ex-enfants soldats des gangs, investir dans l’éducation et la resocialisation.
Les gangs armés ont en effet établi des stratégies poussées de propagande et de communication. Ils communiquent avec des personnes pouvant être séduites par l’idéologie extrémiste violente en faisant appel à divers médias. La stratégie de communication à privilégier doit être axée sur la diffusion de messages alternatifs positifs qui mettent l’accent sur l’ouverture d’esprit, sur la diversité et sur la nature inclusive de la société haïtienne afin de renforcer le sentiment d’appartenance à une même nation.
La hiérarchie de la Police Nationale d'Haïti et les gouvernants doivent s’illustrer par une gouvernance vertueuse débarrassée des oripeaux de la corruption et de la gabegie pour que le travail de conscientisation ait un meilleur impact. Cette vérité demeure intemporelle : « Une arme peut tuer un gang armé. L’éducation peut tuer la gansterisation d'un pays. »
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