La République des Fantoches : Episode 1 : Jeanne, la bonne sœur

Maria a grandi trop vite aux yeux de sa mère. Elle ne fait qu’à sa tête. Souvent elle dort chez son ‘’blodeur’’ que la maman déteste et craint. En effet, son nom a été cité dans plusieurs histoires louches mais jamais, il n’a été inquiété. Le bruit court qu’il a de gros bras derrière lui.

La petite Gina est sa fierté. Elle la surnomme « Viergina » (vous savez surement pourquoi) et crie à tous ceux qui veulent l’entendre que sa fille chérie n’aura son premier copain qu’à l’âge de vingt-cinq ans.

Ce lundi-là, tout a basculé dans la vie de Jeanne. Depuis trois jours, sa petite Gina ne se porte pas bien. Elle ne mange plus, se sent toujours fatiguée. La mère ne voit pas l’évidence et l’emmène chez un médecin. Le résultat est sans appel : Gina est enceinte, depuis douze semaines. Le monde de Jeanne s’écroule. Comment est-ce possible? Pas sa Gina. Elle prend son courage et lui demande qui a causé ce forfait. Mais sa fille ne peut pas lui dire. En réalité, elle ne sait pas. Il y a eu tant de « goutteurs ». Même le copain de sa sœur a eu sa part du gâteau.

Jeanne entre alors dans une grande réflexion. Que va lui dire son pasteur ? Que vont penser les membres de son église ? De plus, Gina pourra-t-elle survivre à l’accouchement ? D’un autre côté, peut-elle condamner son âme ? Peut-elle porter le péché de sa fille ? Condamnation sociale ou divine ? Après une longue nuit sans sommeil, elle prend sa décision. Contrairement aux histoires dans les livres, elle choisit la condamnation divine. Dieu n’est-il pas miséricordieux ? N’a-t-il pas toujours pardonné David malgré tous ses péchés ? Elle est certaine que son dieu saura la comprendre. Le poids des regards sera trop lourd à porter.

Elle fait appel alors à Maria. Les linges sales, ne se lavent-ils pas en famille ? Maria fait alors parler sa grande expérience et lui prépare son cocktail : infusion de cigarette et de bière bue avec le fameux cytot… Elle l’a expérimenté tant de fois et il s’est toujours révélé efficace. Mais pas cette fois. La grossesse est trop avancée. Gina ne cesse de saigner et elle doit aller aux urgences. Après de longues heures, sa vie est sauvée. Mais elle a dû payer le prix fort ; elle ne pourra plus jamais enfanter. Jeanne n’arrive pas à comprendre. Pourquoi elle ? Pourquoi est-elle si durement punie ?

Depuis ce jour, chaque dimanche, Jeanne chante encore plus fort. Lors des moments de louange, elle a les deux yeux fermés, les deux bras en l’air et deux grosses larmes inondent ses joues. Chaque membre l’admire et rêve d’être comme elle. Si seulement elle pouvait expliquer son problème… Alors elle chante encore plus fort, jusqu’à couvrir cette petite voix au fond d’elle qui ne cesse de crier : « Assassin, assassin,…., assassin ».

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