L'insécurité à Croix des Bouquets : entre complicité locale et manque de moyens, la PNH se perd dans la lutte contre les 400 Mawozo

Les attaques du Gang 400 Mawozo se multiplient ces dernières semaines dans la commune de Croix-des-bouquets. A Chaque fois, les forces spécialisées de la Police Nationale d'Haïti ont fait irruption dans la commune à tout moment de la journée, les gangs réussissent après l’attaque pour faire replier en un temps record la PNH.

Crédit Photo: Le Patriote
L'insécurité à Croix des Bouquets : entre complicité locale et manque de moyens, la PNH se perd dans la lutte contre les 400 Mawozo

Des modes opératoires similaires 

La PNH donne très rarement le bilan de ratissage. Quasiment toutes les opérations du Gang 400 Mawozo dans cette commune se déroulent au cours de la journée pendant que les policiers patrouillaient les zones, et à peu près ou presque dans la même zone. Dans la plupart des temps, ce sont des petites localités débouchant sur les grands axes routiers qui sont prises pour cible (La Tremblay, Michaud, Carrefour New York, Pont Boucan bou, Marasa et Duval). Les endroits attaqués sont différents, mais les modes opératoires sont toujours les mêmes. Les groupes de gang 400 mawozo viennent à bord des 4x4 volés ou des convois de motos, et ouvrent le feu en direction des agents de la Police Nationale d'Haïti. Dans plusieurs sorties de Carrefour New York et de La Tremblay 5, ils ont la possibilité de commettre assez de dégâts. 

Une population locale complice du 400 Marozo ?

Ces multiples attaques asymétriques, « similaires » qui surviennent chaque fois que les policiers baissent un peu la garde laissent présager des « complicités » dans cette commune. La dernière attaque de la position des policiers UDMO, à La Trembley, dans la commune de Croix-des-bouquets, le lundi 6 Juin 2022, dans l'après-midi a fait au moins une mort et un blessé du camp des policiers. Dans sa réplique, la PNH a blessé 2 bandits appartenant à 400 Mawozo. Un leader local déduit qu’avec cette dernière attaque, il y a « sans nul doute une complicité au sein même de la population». Ce leader observe que : « la population locale ne contribue pas conséquemment pour la sécurisation de la commune et lutter efficacement contre le gang 400 Mawozo».

Changer des modes opératoires de la PNH

Selon lui, au lieu des répliques des policiers, des forces sécuritaires, il faut « plutôt compter sur la contribution des habitants de la commune pour mieux faire face à 400 Mawozo ». « Ils sont les seuls à connaître qui sont les membres de 400 Mawozo et qui ne le sont pas. La plupart des membres du gang qui attaquent la PNH étaient d’abord des habitants des quartiers de la commune de Croix-des-bouquets qui ont rejoint le gang armé. Ils entretiennent des relations avec leurs amis complices (antennes) qui leurs fournissent toujours des informations sur le mouvement de la PNH. Dans ces conditions il est très difficile de faire la guerre, dans une situation où ton ennemi connaît ou dispose toutes informations sur toi », explique Maxone entrepreneur de la zone. Justement avant chaque attaque, les éléments du gang auraient même envoyé des « voice note » WhatsApp pour l’aviser de l’attaque. D'un autre côté, les habitants remarquent plus régulièrement la présence des gangs que de la police, ils ne veulent pas dénoncer aveuglement par peur d’être victime puisque la police intervient dans les zones occasionnellement ou à la manière des pompiers.

Des policiers de la PNH démunis face à une puissance folle prête à mourir

En plus de la guerre asymétrique que livre le Gang 400 Mawozo, les policiers déployés sur le terrain pour combattre ce gang n'ont pas aussi suffisamment de moyens pour mener à bon port leur mission. Des policiers sur le terrain révèlent aussi qu’ils sont mal nourris, mal payés et sous équipés. Ils sont nombreux qui disent qu’ils « sont même découragés et prêts à quitter la PNH s’il faut continuer dans ces conditions à faire la guerre avec un ennemi inconnu et puissant. » Des sources bien introduites font même état « des complicités au sein de la PNH ». « Un policier qui est dépourvu de tout est plus dangereux que 400 Mawozo. Quelqu’un qui combat des gangs et qui ne gagne pas normalement son salaire est prêt à fournir des informations aux gangs qui achètent au prix d’or » explique un autre haut gradé de la PNH déployé dans la zone sous couvert de l'anonymat.

Enfin, avec ces différents défis, il sera très difficile pour que la Police Nationale d'Haïti continue à combattre les 400 Mawozo acculés par les forces spécialisées, qui trouvent refuge dans des zones isolées de la Plaine du Cul-de-Sac. Après une accalmie les attaques des gangs deviennent de plus en plus fréquentes et féroces.

 

Vitalème ACCÉUS

acceus2009@gmail.com


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