Fin du mandat du BINUH, retour à la case départ?

Le mandat du BINUH arrive bientôt à expiration. Le Conseil de sécurité de l'ONU devra-t-il faire machine arrière et opter pour une troisième mission de maintien de la paix en Haïti en 18 ans?

Fin du mandat du BINUH, retour à la case départ?

Octobre 2019, quinze ans après le déploiement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), qui a pris sa place deux ans plus tôt (octobre 2017), a plié ses bagages. Après 15 ans d'opérations de maintien de la paix en Haïti, le conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU) a résolu de mettre en place, pour une période initiale de 12 mois, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).

Dirigé par la représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU, Helen Ruth Meagher La Lime, le BINUH a été mis en place par la Résolution 2476 (2019) adoptée par le Conseil de sécurité à sa 8559e séance, le 25 juin 2019. Créé pour remplir "un rôle de bons offices, de conseil et de sensibilisation politique" le BINUH devait s’acquitter des tâches suivantes :

  1. Conseiller le Gouvernement haïtien sur les moyens de promouvoir et de renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance, y compris l’état de droit, de préserver et de favoriser un environnement pacifique et stable, notamment en facilitant un dialogue national sans exclusion entre les Haïtiens et de protéger et de promouvoir les droits de l’homme ; 
  2. Epauler le Gouvernement haïtien dans les activités qu’il mène en vue :
  3. Planifier et de tenir des élections libres, justes et transparentes ;
  4. Renforcer la capacité de la Police nationale d’Haïti de faire face à la violence des gangs et à la violence sexuelle et fondée sur le genre et de maintenir l’ordre public, notamment grâce à l’organisation de cours de formation sur les droits de la personne et la maîtrise des foules ; 
  5. Mettre au point une approche inclusive associant tous les secteurs de la société en vue de réduire la violence de quartier, et en particulier la violence des gangs ;
  6. Lutter contre les atteintes aux droits de la personne et les violations de ces droits et de s’acquitter des obligations internationales qui lui incombent dans le domaine des droits de la personne ;
  7. Améliorer la gestion de l’administration pénitentiaire et le contrôle des lieux de détention afin de garantir que les détenus sont traités dans le respect des normes internationales ; 
  8. Renforcer le secteur de la justice, notamment en adoptant et en appliquant des textes de loi fondamentaux visant à promouvoir la réforme de ce secteur, en renforçant le contrôle interne et le respect du principe de responsabilité, particulièrement dans le cadre de la lutte contre la corruption, en s’attaquant au problème de la détention provisoire prolongée, et en veillant à ce que la nomination des juges soit fondée sur le mérite et à ce que leurs mandats soient renouvelés en temps voulu" (Résolution 2476 (2019)).

Le mandat du BINUH a été renouvelé dont le dernier par la résolution 2600 (2021), présentée par le Mexique et les États-Unis et adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité. Ledit mandat a été prorogé jusqu'au 15 juillet 2022 (9 mois) et le Secrétaire général avait pour mission d'évaluer son mandat après 6 mois. Moins d'un mois avant l'expiration du mandat, le flou persiste.

Au regard de la dégradation du climat de sécurité marquée par la prolifération de gangs armés, l'ONU optera-t-elle pour une autre mission de stabilisation? Rappelons que l'ONU avait décidé de ne pas renouveler le mandat de la MINUJUSTH dans un contexte assez difficile pour le peuple haïtien. Avant de laisser le pays, le chef des opérations de paix de l’ONU avait souligné que l’Organisation maintenait son soutien au pays mais que la sortie de la crise politique que traverse actuellement l’Etat des Caraïbes était « du ressort des Haïtiens ». Trois ans plus tard, la situation s'est détériorée, elle est pire que celle de 2004. Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU vont-ils envoyer des troupes ou plutôt contribuer au renforcement réel de la Police Nationale d'Haïti?

Des citoyens prient pour qu'ils optent pour la première option. De 2004 à 2019, 188 membres du personnel militaire, de police et civil de l’ONU avaient perdu leur vie en Haïti.

 

Marckendy DORSAINVIL


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